Un îlot, une cabane

Dans un entretien mené par Virginie Bloch-Lainé pour la collection « A voix nue » de France Culture, Antoine de Galbert, collectionneur et fondateur de La Maison Rouge (Paris), évoque la notion d’écologie culturelle. Mais il la définit à sa manière, selon son idée, tel qu’il le faisait déjà en 2014, dans un autre entretien qu’il avait accordé à Magali Lesauvage pour le site Exponaute.

Il y dit : « Les galeries, les centres d’art, les musées ont sans cesse l’œil sur les chiffres, que ce soit de vente ou de fréquentation. Que l’on soit petit ou grand, c’est pareil, l’attitude par rapport à ces chiffres est la même. Donc s’il fallait créer un autre lieu, j’irais très loin, dans un concept d’écologie culturelle. Ce serait de l’ordre de l’écologie intellectuelle : je ne ferais pas de publicité, je n’aurais peut-être même pas d’adresse e-mail. Viendraient ceux qui veulent. On ne serait plus dans la demande perpétuelle de reconnaissance, de publics, d’affluence. Il faut inverser cela. D’ailleurs ça marcherait peut-être cent fois mieux ! (…) J’imagine un lieu de silence, et si personne ne vient, ça n’est pas grave. »

J’ai l’impression que ce qu’il dit est vrai pour les galeries, les centres d’art, les musées mais aussi les médias, les théâtres, les cinémas, et à peu près tout, en fait.

Alors j’imagine temps vif comme une cabane, dans cette idée d’« écologie culturelle et intellectuelle », comme un lieu pas forcément silencieux, comme un îlot d’expression, un peu loin, où viendraient donc ceux qui veulent. Et si personne ne vient, ça n’est pas grave, il a raison aussi ici.